Dernière journée à Montricher (LSTR) du JANUS-Ce GX , HB-3132

« A l’ombre des jeunes filles en fleur1 » ou la mise en préretraite par un beau jour d’automne d’un vieux collaborateur du club Genevois

(par Gilbert BENZONANA, avec photos et références).

Ce 13 octobre 2018 s’annonçait en ce début de matinée comme une journée d’automne absolument superbe. Un ciel d’un bleu parfait sans le moindre petit nuage comme on n’en voit pas souvent à Montricher. Le Mont Tendre avec ses forêts encore vertes mais piquetées d’or et la prairie de l’aérodrome d’un calme absolu.

Et pourtant cette journée devait voir le début d’une séparation d’un vieux « collègue » du club dont on devait préparer le départ pour une future retraite lointaine mais finalement probablement paisible pour ne pas dire dorée vers le midi de la France. En somme pas de quoi avoir « une araignée dans le plafond5» dans de pareilles circonstances même si des représentants de l’espèce arachnide se promenaient par là comme pour nous rappeler qu’une perte douloureuse se préparait.

On ne peut pas dire honnêtement que le Janus, puisque c’est lui dont il va être question ici, était le mieux aimé de notre parc de planeurs, certaines de ses particularités techniques rebutant nombre de vélivoles. Et pourtant cette relative désaffection en dépit des ses performances rendait cette belle machine chère au cœur de certains d’entre nous et cela depuis plus de 25 ans. Mais peut-être était ce cela même qui a conduit à devoir lui proposer d’aller vers d’autres cieux, comme ces vieux collègues pour qui l’âge constitue le défaut le plus grave en dépit de leurs qualités intrinsèques.

Comme les machines ont peut-être une « âme », on ne lui avait pas avoué que son départ coïnciderait avec la venue d’un « petit » nouveau (mais grand par la taille, un ASG32 de la nouvelle génération) destiné à rajeunir le parc vélivole et mieux combler les attentes du plus grand nombre des membres du club.

Comme pour marquer le coté triste de cet « évènement » à quelques minutes du breefing de 9h30 il n’y avait encore personne sous la pendule qui marque le début de nos journées de vol.

Ce n’est qu’à la toute dernière minute qu’on a vu arriver les courageux membres chargés de procéder à « l’opération » ainsi que quelques mordus du vol automnal venus simplement profiter d’un jour pour lequel la météo prévoyait des ascendances superbes et inattendues pour cette période quasi estivale.

Mais il faut tout de même admettre que cette journée nous avait amené aussi quelques représentantes féminines dont les seuls noms (Manon3 et Iris4) mais surtout les sourires réchauffaient l’atmosphère encore plus vite qu’un soleil dont la montée céleste paraissait quelque peu paresseuse.

Les quelques photos jointes en fin de texte, reflètent les opérations dont l’équipe chargée de la « mise en place pour la préretraite » s’est acquittée avec diligence mais non sans quelques péripéties.

Certes le Janus a été sorti de son emplacement habituel du hangar avec ses habituelles réticences et même s’il n’avait pas « la chair de poule », comme pour pressentir son prochain départ il n’a pas manqué de faire connaitre son ressentiment en se couvrant immédiatement d’une « sueur » glacée.

Il a fallu l’en débarrasser avec forces coups d’éponge et soumettre à une bonne séance d’aspirateur son « ventre » encombré de diverses matières afin de lui donner l’apparence la plus respectable d’un vieux serviteur encore bon pour le service !

La « mise en boite » de l’appareil s’est alors révélée une opération inhabituellement difficile en dépit de l’expérience des différents intervenants (Patrick 1, Patrick 2, Jean-Paul, André, un peu plus tard Olivier P. ainsi que votre « narrateur » auto-délégué comme observateur des travaux finis).

Si la remorque avait préalablement subi un décrassage extérieur en règle dans un garage de Montricher et brillait de mille feux, son examen et sa préparation nous ont réservé quelques surprises. Ce qui paraissait être 2 butées au sommet du toit se sont révélées des nids de… guêpes squattés par bonheur uniquement par des…taons intéressés à y passer les froids de l’hiver. On était plutôt préparés à y trouver nos habituels commensaux, les loirs !

Sans doute aussi peu désireuse d’abandonner Montricher que son futur occupant la remorque n’a cessé de nous faire…souffrir. Jean-Paul lors d’un de ses examens scrupuleux, hérités de son récent passé de commandant de bord chez Swissair n’a sans doute pas remarqué quelque appendice dépassant d’une jointure et a manqué de s’ouvrir le crane. Il a fallu la diligence, la compétence et l’habileté conjointes de Gilbert et Olivier pour soigner sa méchante plaie sur place lui évitant une évacuation impromptue qui n’aurait pas manqué de compromettre toute la suite du travail déjà commencé.

Inutile de rappeler que le Janus fait partie d’une ancienne génération de planeurs et que le démontage des ailes nécessite des qualités de reptation à l’intérieur d’un fuselage pourvu de très petites ouvertures de contrôle pour le (dé)montage des commandes. Mais enfin ceci fait tout de même partie du jeu et tout vélivole victime d’une « vache » en connait les vicissitudes.

Après le démontage et le rangement des ailes dans la remorque c’est lorsque l’on a voulu y ranger le fuselage que les choses se sont fortement compliquées. « Que le grand cric me croque » n’aurait pas manqué d’éructer le Capitaine Haddock2, car c’était bien le cric le grand problème ! La manette de relevage hydraulique était cassée. Pas moyen de rentrer le fuselage. Il a fallu que notre Président se précipite une nouvelle fois au village de Montricher pour dénicher un artisan qui fasse une soudure de fortune pour remette provisoirement le cric en état. Mais comble de malchance, la soudure n’a tenu que le temps de glisser le fuselage dans son logement avant de se rompre à nouveau !

Décidément c’était une opération bien plus aléatoire que prévu. André en mécanicien averti devra encore tenter de trouver « une petite main » experte pour remettre le cric en état de marche avant de le joindre au matériel accessoire du Janus pour son exfiltration à venir. De quoi aurait l’air notre club si les futurs propriétaires ne pouvaient sortir l’appareil de sa remorque !

C’est ainsi que se termine presque la « mise en boite » (le jeu de mot est encore plus facile après coup) de notre planeur « vintage » sous l’œil attentif mais ému de Pierre derrière ses verres fumés censés cacher ses larmes. Mais faut-il le dire, peut-être que Pierre est aussi un petit cachottier et tandis qu’un vieil habitué de la piste s’apprête à partir, Pierre se prépare à nous apparaître dans un bref avenir en « défiant des ans l’irréparable outrage6 » (affaire à suivre).

Le témoin de service : Gilbert Benzonana

 

 

 

 

Références :
1 « A l’ombre des jeunes filles en fleurs » roman de Marcel Proust, 1919
2 « Que le grand cric me croque » Le capitaine Haddock inséparable ami de Tintin n’a fait que reprendre cette expression de G de la Landelle en 1863 !
3 « Manon des sources » Roman de Marcel Pagnol (1947) et films en 1952 (Pagnol) et 1986 (J.Berri)
4 « T’as de beaux yeux tu sais » de Jean Gabin à Michèle Morgan dans le film « Quai des Brumes »
5 « Avoir une araignée dans le plafond » expression datant du 19ième siècle et évoquant une idée de délabrement.
6 « Pour réparer des ans l’irréparable outrage » tiré de « Le songe d’Athalie » par J. Racine

 

Un Jura aux couleurs automnales et un tarmac bien désert à moins de 5 min du breefing

 

Une seule ombre sur le tarmac, celle du photographe, avant un breefing un peu anémique

 

Des araignées oui, mais seulement sur les murs pas « dans le plafond »5

 

« A l’ombre des jeunes filles en fleurs »1

Manon : elle est la « source » de bien des « romans »3
et Iris : « t’as de beaux yeux tu sais ! »4

 

André et Jean-Paul « aspirent » au meilleur possible !
Le dernier « coup d’éclat » du Janus !

 

Intérieur et extérieur, tous les « organes « du planeur sont mis au net

 

C’est en rangeant les accessoires qu’on fait des découvertes.
Pas des cales mais 2 nids de guêpes

 

Une aile est bien en place, mais c’est la catastrophe voilà le cric qui craque

 

Résigné, Jean-Paul attend les secours.
Mais tout s’arrange et le planeur est enfin arrimé

 

Il faut tout vérifier avant de fermer.
Et pendant ce temps Jeremy compte les points !

 

En fin connaisseur des « vintages, Pierre cache ses larmes derrière des lunettes sombres
En attente de son prochain départ vers des cieux plus cléments la remorque repose….

 


Un somptueux panorama « qu’il » ne reverra probablement pas par cette face