CR2018 de Sion : Aurélien BERNER et Kristian UNELL en DG1000

Par Kristian UNELL

(Tous les résultats ici)

Lors de notre formation d’instructeurs, nous avons fait la connaissance de Laurence et Seb, deux autres aspirants instructeurs du club vol à voile de Sion. Ils nous ont mis au challenge de participer au CR2018 à Sion. Le challenge fut bien entendu relevé.

Armés d’un DG1001, nous étions parés pour l’aventure. Seb volerait un ASG32 et Laurence un DuoDiscus.

La première journée du concours fut réduite à une sortie aux bains de Lavey, suivi d’une découverte d’une brasserie à Martigny. Si c’est un événement mémorable, nous n’avons par contre pas de photos.

Jour 2, montage avant le briefing de 10h.

Première tâche :

La ligne bleue représente la parcours « officiel », la ligne bordeaux traitillée, le parcours « minimum » qui ne peut être fait en mois de 1h30. Donc à une vitesse moyenne maximum de 105 km/h. Et en rouge, plus ou moins notre tracé. Pour gagner, il faut allonger le tracé plus loin dans les cercles et voler plus vite.

Préparation du matin :

Comme nous ne sommes que de modestes amateurs, notre but était de finir la boucle.
Rapidement, nous nous sommes lancés quasiment les premiers. Et avons pris notre temps pour reprendre de l’altitude de ci, de là.

Nous avons admiré les vallées et vallons, essuyé une larme d’émotion en survolant le glacier d’Aletsch :

glacier d’Aletsch

Lors de notre premier virage, en vue de Münster, tout allait bien, tranquille. Puis, nous avons fait un petit détour vers Brigue pour toucher le cercle du virage 2, et prudemment repris la route de l’ouest sur le nord de la vallée du Rhône. En passant Sion, nous commencions à nous sentir les rois du monde ! Alors afin de monter notre vitesse, nous avons décidé de prolonger le tracé minimum et tourner à l’ouest de Martigny en remontant un peu la vallée vers La Forclaz. Ceci au prix de quelques précieux mètres, bien sûr. Comme le coin de donnait pas de courants ascendants, retour sur le point 4, Ovronnaz. En route, ça descend, toujours et encore. Notre sourire se crispe. Sommes-nous trop bas pour arriver à Ovronnaz ?
Nous passons finalement ric-rac au-dessus du village, et passons l’arrivée juste dans les clous.

La planification du concours est top, et le concept de l’arrivée est très pratique : On s’annonce par radio à la tour de Sion en survolant Ovronnaz, du coup, on peut entrer dans la CTR (Espace aérien autour de la piste de Sion), et on est (plus ou moins) tenu d’atterrir.  Ceci donne quelques minutes pour prendre ses dispositions, et se poser. Et limite le fait que tous les planeurs arrivent en même temps.

Au sol, nous sommes surpris de voir que les têtes d’affiches ne sont pas encore posées. Une bière plus tard (un petit souvenir de Martigny), et les arrivées s’enchaînent et chacun amène son parcours (enregistré par les GPS embarqués.
Et finalement, nous sommes 5èmes… Mais à une bricole de la 3ème place. Aaah, si on avait… Mais bon, Seb dans son ASG32 a excellé.

Pour le deuxième, jour, Aurélien et moi sommes pris au jeu, finalement, on aurait pu pousser un peu plus, prendre moins de thermiques, cheminer mieux, etc.

Le programme est annoncé, pas très différent du premier jour, le point à l’est juste un peu plus loin. Le plafond est plus haut. Ça va être magnifique.

Aurélien en pleine méditation avant le départ

Une fois largués, nous grimpons au plus haut des thermiques, près de 3200 m. Lorsque le départ et ouvert (en somme les pilotes sont libres de partir quand ils veulent dans l’heure qui suit l’ouverture, on mesure le temps effectif).

Nous attendons pour ne pas être les premiers, et plongeons pour passer la ligne à fond. Alors que mon poignet se crispe, et que le vent siffle, Aurélien interrompt mon élan. Nous sommes passés en dessus des 3000m. Donc départ invalide. Alors demi-tour, on reprend un peu d’altitude, et rebelote, je plonge pour passer la ligne, à un petit 184 km/h (ce qui nous coûter 34 points de pénalités, on ne le savait pas, mais vitesse max pour le départ, c’est 150 km/h).

Puis le rodéo est lancé. Pour ceux qui connaissent, c’est un peu comme une course Super Mario Kart. On est lancé dans une course, on se dépasse, les adversaires font des feintes. Ils disparaissent et réapparaissent. Mais ceci en 3D. Du plus, notre écran Flarm (système anticollision) nous montre le placement des concurrents devant nous, leurs altitudes et taux de montée. C’est grisant.

 

Depuis le point de départ, nous volons tout droit jusqu’à Fiesch (58 km) à 150 km/h, en perdant peu d’altitude, nous refaisons le plafond et nous lançons vers Gletsch. Le ciel devient moins accueillant, plus de joli cumulus, quelques gouttes de pluie. 5 planeurs nous précédent, alors que le premier arrive en retour (Gabi…) nous volons lentement pour garder une bonne finesse, et descendons tranquillement. Nous constatons quelques courageux bien plus bas que nous. Nous arrivons au cercle de Gletsch, et faisons demi-tour. Vite fait, retour à notre sympathique pompe de Fiesch, en trois étapes, nous sommes de retour à 3200 m.

Stratégie… Que faire ? Hier alors que nous faisions le détour par le nord, les vainqueurs avaient coupé tout droit. Le ciel y semble assez clément, et nous nous lançons. Nous scrutons le Flarm pour voir si nous sommes les seuls optimistes. Et deux autres ont pris la même direction.

L’air est calme, et la vue est belle alors que nous traversons la vallée du Rhône en dessus de Viège.
Puis sur le val d’Anniviers, nous sommes heureux de voir Laurence dans son Duo qui grimpe dans un joli thermique, et nous la rejoignons sans gêne. Nous la suivons à la trace, et nos rares points de finesse en plus nous ramènent à son niveau. Puis tout à coup, Laurence tourne à gauche sur Veysonnaz, nous préférons continuer tout droit. Aurélien aux commandes sent (avec un peu de magie et d’électronique) que nous avons assez de réserve pour boucler le tour sans chercher à grimper d’avantage. Nous contournons La Tsoumaz à ras les sapins, et bingo, nous touchons au cercle sur Saxon. Manche en avant toute, 180 km/h pour traverser (toutes précautions d’usages prises) et nous plongeons sur Ovronnaz puis a 200 la ligne d’arrivée.

Durant tout ce vol, mon sens de la compétition s’est manifesté, faire mieux, plus stratégique, plus tactique et plus, bon disons-le, vite. En résumé, sur le vol, nous avons tourné dans 6 thermiques. Le reste, en cheminant sous les cumulus pour boucler nos 176 km.

En conclusion, cette aventure m’a ouvert à un autre type de vol, aller plus loin (toujours en sécurité), s’inspirer des autres, mais faire mieux. Et surtout, j’en ai pris plein les yeux. J’ai la banane pour une semaine ou deux (en tout cas) !

Aurélien, et l’excitation tout autour


Les pilotes : Aurélien BERNER et Kristian UNELL